Victime : un état passager ? Pas pour tout le monde !
Parmi les stratagèmes connues dans les relations humaines, il en est une qui a trouvé sa place naturelle dans le célèbre Triangle Dramatique du Dr. Karpman dont vous me savez maintenant un grand adepte.
Cette manœuvre porte le nom de rôle de Victime.
Comme nous avons vu pour le rôle de Sauveur et le rôle de Persécuteur, aussi ici c’est le mot rôle qui a toute son importance. Car, nous ne parlons pas des personnes qui ont vécu un accident, un cambriolage, une agression et pire encore. Ces personnes sont, aux yeux de la justice et aux yeux de tous, à juste titre, de vraies victimes. Ce sont des personnes qui doivent passer par la reconnaissance de leur statut provisoire de victime pour se reconstruire et activer le processus de résilience.
Pourquoi on joue le rôle de Victime ?
Non, nous parlons ici du rôle que certains jouent parfois sur cette scène de théâtre qu’est le Triangle Dramatique. La dramatisation d’une situation qui pourrait être racontée et traitée avec un certain recul, l’auto-dévalorisation, l’apitoiement sur soi, le défaitisme… Autant de comportements qui pointent vers le rôle de Victime.
Alors pourquoi jouer cette partition ?
Eh bien parce que c’est parfois difficile de trouver les mots pour exprimer nos difficultés et nos souffrances. Nous reproduisons alors des schémas appris dans l’enfance, ou copiés sur les adultes, qui consistent à râler, se plaindre, rouspéter, se montrer plus faibles que nous le sommes en réalité. L’intention est peut-être louable s’il s’agit d’évoquer ses problèmes mais elle est souvent masquée par l’énergie négative du rôle.
Comme identifier le rôle de Victime
Dans cette position du Triangle Dramatique, il est rare t’entendre une personne évoquer à la fois la partie vide du verre et la partie pleine. La personne se concentre surtout sur ce qui manque plutôt que sur ce qu’elle a déjà et ce dont elle aurait besoin.
C’est d’ailleurs à cela que l’on identifie le rôle de Victime.
Les plaintes, certes légitimes en elles-mêmes, ne sont pas accompagnées de demandes claires. Nous ne savons pas ce que veut une personne qui joue le rôle de Victime car elle ne nous le dit pas. C’est à nous de deviner et c’est là que se présente le risque de rentrer dans le Triangle Dramatique à notre tour. La réponse en mode Sauveur est bien sûr l’erreur la plus courante ! Mais il existe aussi un risque de répondre avec le rôle de Persécuteur, par agacement devant ce genre de comportement. Enfin, puisque les rôles du Triangle Dramatique agissent comme des hameçons, nous pourrions mordre à l’hameçon Victime en nous laissant aller, nous aussi, à la jubilation de la plainte.
Dans le travail d’équipe, cette contamination existe bel et bien. Un premier se lamente sur sort, immédiatement rejoint par un autre qui en profite pour montrer combien c’est pire pour lui. Une troisième qui arrive et qui surenchère dans l’injustice que lui réserve le sort. Et ainsi de suite, jusqu’à finir par démoraliser tout un collectif !
Comment sortir du rôle de Victime
Une des utilisations les plus courantes du rôle de Victime consiste à montrer au monde, sans le désigner parfois, celui ou celle qui est responsable de mes malheurs ! C’est un peu le principe de simuler ou d’exagérer une chute en sport pour faire accuser l’adversaire d’une faute et qu’il soit sanctionner par l’arbitre.
Ici la pratique est délibérée et peut entrainer des conséquences fâcheuses pour celui qui est accusé à tort.
Il est donc très important de savoir faire la différence entre les vraies personnes victimes et les personnes qui jouent un rôle pour obtenir plus ou moins consciemment quelque chose.
Ce rôle n’est, dans la plupart des cas, qu’une maladresse, qu’une incapacité chronique à passer directement à une demande d’aide claire.
La bonne nouvelle est que nous pouvons travailler sur deux plans distinct :
- Nous entrainer à passer peu de temps dans ce rôle et transformer rapidement un sentiment d’abattement en une volonté d’agir.
- Nous entrainer à gérer nos réactions face aux personnes qui se présentent à nous dans ce rôle et ainsi, éviter de mordre à l’hameçon et rentrer à notre tour dans le Triangle Dramatique.
C’est ce que le Dr. Karpman nous a appris à faire lorsque nous l’avons rencontré avec mon collègue et ami Jérôme Lefeuvre. C’est d’ailleurs grâce à ces nombreuses séances de formations et d’entrainements que nous avons scellé une amitié indéfectible avec lui.
Venez, vous aussi, vous entrainer avec nous dans l’une des formations que nous proposons sur ce sujet dans notre organisme de formation Training is Art.
Pour retrouver tous les épisodes de la série sur les Jeux Psychologiques, c’est par ici :