Le rôle de Sauveur du Triangle Dramatique

Sauveteur, un beau métier. Sauveur, un rôle du Triangle Dramatique.

Le Triangle du Dr. Karpman, plus communément appelé Triangle Dramatique, présente les trois rôle joués lorsque la communication dérape. Le rôle de Persécuteur, de Sauveur et de Victime.

Concentrons-nous quelques instant sur le rôle de Sauveur et analysons ensemble les tenants et les aboutissants de cette façon de se comporter.

Sauveteur ou Sauveur ?

Pour commencer, nous noterons une erreur classique dans l’appellation de ce rôle. Nous voyons souvent apparaître, ici et là, le mot SAUVETEUR pour désigner ce rôle du Triangle Dramatique. Or, il se trouve que sauveteur est un métier noble et indispensable. Combien de personnes ont été secourues en mer ou en montagne grâce à l’intervention professionnelle et courageuse de sauveteurs aguerris ? À la piscine, nous sommes rassurés de savoir que nos enfants sont surveillés par un Maître-nageur-sauveteur ! Ici, il s’agit bien de porter secours à des personnes en réelles difficultés ou de sauver la vie de personnes en grand danger. L’intention est claire, les situations sont connues ainsi que les procédures de sauvetage.

Lorsque nous utilisons le mot SAUVEUR, nous désignons un statut que s’octroie, plus ou moins consciemment, une personne envers d’autres personnes qu’elle considère en difficultés ou qu’elle identifie comme ayant besoin d’aide. Sans avoir vérifié si c’est bien le cas, cette personne adopte alors les comportements du rôle de Sauveur et prend des initiatives pour venir en aide aux autres.

Les comportements du rôle de Sauveur

Il existe plusieurs versions du rôle de Sauveur. En voici quelques-unes :

Prendre à sa charge trop de choses à faire pour soulager les autres
Se sacrifier pour faire les choses que les autres ne veulent pas faire
Surprotéger une personne de son entourage et l’empêcher ainsi d’être autonome
Trouver des excuses ou des alibis à ceux dont le comportement n’est pas correct
Rendre des soi-disant services aux autres pour s’attirer des remerciements

Si derrière ses comportements se cachent souvent de bonnes intentions, ils révèlent également un fort besoin de gratitude qui n’est d’ailleurs pas toujours récompensé. En effet, par son côté intrusif, le rôle de Sauveur est parfois vécu comme agaçant par l’entourage qui répond alors par de l’agressivité plutôt que par de la reconnaissance.

Un autre inconvénient se matérialise par une forme de dépendance lorsque la personne qui joue le rôle de Sauveur trouve un bon « client » qui accepte d’être sauvé et qui se complait dans cette relation. Le risque ici pour celui qui joue le rôle de Sauveur est de « décevoir » les attentes suscitées et de voir son « client » se retourner contre lui ! L’histoire de l’humanité nous offre des exemples de personnages qui se sont fait appeler Sauveur et contre qui se sont retournés ceux qu’ils étaient venus sauver…

Et que dire de la mythologie des super-héros qui cultivent ce rôle de Sauveur dans les pages des comics Américains et sur tous les écrans de cinéma du monde ?

Un des points de vigilance à garder en mémoire pour toutes celles et ceux qui auraient tendance à adopter ce rôle, est que les personnes sauvées finissent par s’habituer à ce que quelqu’un fasse à leur place ou se sacrifie. À l’évidence, le chemin vers l’épuisement se dessine comme un piège inéluctable.
Enfin nous devons aussi rester en alerte face au rôle de Sauveur alimenté par des intentions négatives comme savent très bien le faire les gourous des sectes qui ont fait de ce rôle leur fonds de commerce.

Le rôle de Sauveur selon Stephen Karpman

Pour conclure, rendons justice à ceux qui écrivent sur le Triangle Dramatique et qui commettent l’erreur d’utiliser l’appellation Sauveteur à la place de Sauveur. Le Dr. Stephen Karpman, qui est un ami proche, a lui-même choisi d’utiliser le terme RESCUER qui se traduit, en effet, par Sauveteur. Et pourtant, il existe bel et bien dans la langue de William Shakespeare le mot SAVIOUR qui traduit beaucoup mieux la logique du rôle de Sauveur. Seulement, dans l’Amérique puritaine des années 60, on hésitait à utiliser des appellations bibliques aussi marquées pour labelliser un outil appelé Triangle Dramatique !

Sortir du rôle de Sauveur

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