« Vous en savez autant que moi sur le Triangle Dramatique… »
La tradition dans l’Analyse Transactionnelle, celle que pratiquait Eric Berne et ses disciples, est de partager le plus possible de connaissances avec les clients présents en thérapie individuelle ou de groupe. Berne refusait fermement que les thérapeutes se positionnent en « sachant » qui utilisent en coulisses leurs outils sans les dévoiler.
A travers les histoires passionnantes que nous a racontées Steve Karpman durant nos séjours chez lui, il y a ces épisodes savoureux où les thérapeutes « forment » leurs patients aux outils afin qu’ils deviennent aussi calés qu’eux et donc de plus en plus autonomes dans leurs capacités de compréhension des Jeux et des enjeux.
Un véritable travail d’équipe dans lequel le client a la primeur de l’analyse des situations. Le thérapeute reste un guide en retrait qui continue à donner des outils sans chercher à briller.
Une tradition que perpétue avec fidélité le Dr. Karpman dans ses accompagnements, qu’il s’agisse d’une thérapie de couple ou familiale ou encore d’un travail sur l’addiction.
Très émouvant de l’entendre raconter ces anecdotes dans son bureau aux murs duquel sont suspendus photos et souvenirs de la grande époque du séminaire 202. Ce fameux séminaire au long cours initié par Berne où une fine équipe de brillants thérapeutes se retrouvaient tous les mardis soir pour concevoir l’architecture de l’Analyse Transactionnelle.
Des Triangles et des Hommes
Adaptés aux coaching, les outils de la mallette du Dr. Karpman se révèlent particulièrement utiles pour que le, ou la cliente, deviennent fin connaisseur de la lecture des jeux psychologiques par le Triangle Dramatique.
De moins en moins dupes ou dans le déni, nos clients en coaching n’ont parfois besoin que d’un regard malicieux de leur coach pour faire un arrêt sur image et détecter la part qu’ils ont pris dans un jeu psychologique.
Eric Berne serait heureux de voir que cette tradition du client-aussi-sachant-que-le-coach est toujours d’actualité, 54 ans après sa disparition.
Cette connaissance va beaucoup plus loin que le simple fait d’identifier qui joue tel ou tel rôle. Même si cela n’est pas aussi facile qu’il y parait, il y a d’autres aspects méconnus comme le travail sur les 9 invitations, l’acceptation ou le refus de ces invitations, la dimension des switchs, les boucles scénariques, les blocages de la relation ou encore l’art et la manière d’éviter de parler des vrais sujets. Et il s’agit là uniquement des variantes du Triangle Dramatique.
Nos clients doivent aussi être informés de l’existence de l’antidote : le fameux Triangle Compassionnel que nous ne cessons de présenter avec mon compère de toujours Jérôme Lefeuvre.
Là aussi, un client averti en vaut deux.
Il peut travailler sur une approche systémique de la situation dans laquelle il se trouve, appliquant le vertueux triangle comme on utiliserait un miroir. Et si j’osais (j’ose !), je dirais que le Triangle Compassionnel est bien plus intéressant que le Triangle Dramatique.
Plus intéressant car lorsque l’un est un outil de diagnostic, l’autre est avant tout une discipline de vie. Rien que ça !
Le Triangle Compassionnel, un voyage en intimité
Voilà un mot qui revient souvent en Analyse Transactionnelle. Steve Karpman en est tellement imprégné qu’il a fini par sous-titrer son livre : « La nouvelle Analyse Transactionnelle de l’intimité ». Et qu’elle est précieuse cette intimité entre coachs et clients. Cette confiance qui se gagne pas à pas pour se confier d’un côté et écouter de l’autre.
Depuis ma rencontre avec Karpman je plonge joyeusement dans le sac à malice du brillant thérapeute et je me sers copieusement en outils de coaching.
Le premier de ces outils est le Triangle Compassionnel, celui dont personne ne parle dans les différents articles que je lis ou les podcasts qui ne présentent que le Triangle Dramatique, avec, bien souvent, une certaine liberté dans l’interprétation des travaux de Karpman.
Le Triangle Compassionnel est d’abord un travail pour le coach sur sa posture, son éthique professionnelle, sa pratique. Les initiales P, S et V sont les mêmes que pour le Triangle Dramatique mais elles sont le pendant positif des 3 rôles.
Un autre de mes outils préférés sur thématique de l’intimité s’appelle « les échelles de l’intimité ».
Un nom qui pourrait susciter moult fantasmes alors que nous sommes bien loin de quelconques pratiques érotiques ! Nous avons-là un véritable GPS de la relation, un décodeur puissant dont la maitrise permet un cheminement respectueux au rythme de l’autre. Ou, dit autrement, comment installer un lien de confiance et de sécurité sans brusquer les choses.
Au début, comme tout apprentissage, les premiers pas sur les échelles de l’intimité sont hésitants. Cela réclame une grande attention et de la présence. Petit à petit, une danse s’installe entre le coach et son client, un voyage vers un projet commun malgré des enjeux différents.
Le Triangle Compassionnel PSV+ du Coaching
P pour PROCESSUS
Le coach est le gardien du processus de coaching.
Il s’assure que la place de chacun est respectée dans le cadre défini au départ.
Sa mission est de faire figure d’autorité positive lorsque cela est nécessaire, non pas sur les contenus qui ne lui appartiennent pas mais sur les règles de fonctionnement validé dans le contrat qui le lie à son client direct et au commanditaire de l’accompagnement, s’il y en a un.
La limite à ne pas franchir : l’excès d’autorité ou la rigidité (Persécution).
S pour SÉCURITÉ
Le coach est le premier supporter de son client.
Les encouragements qu’il lui donne, les feedbacks qu’il lui fait, le climat de confiance qu’il instaure, autant d’éléments qui offre au coaché un espace sain et sécurisé pour pouvoir travailler les sujets qu’il apporte en séance.
Il revient au coach de prendre soin de son client par sa capacité d’empathie.
Soin, un joli mot en S qui pourrait coller ici aussi !
La limite à ne pas franchir : l’excès de protection ou la complaisance (Sauvetage).
V pour VULNÉRABILITÉ
Le coach donne cette permission à son client.
Nous avons le droit de nous sentir vulnérables, de le dire et de formuler nos besoins pour dépasser cette sensation d’insécurité.
C’est aussi par l’exemple que le coach peut offrir cette permission, en exposant avec justesse sa propre vulnérabilité sur tel ou tel sujet.
Un partage dans lequel le coach veillera à montrer par son attitude que Vulnérabilité n’est pas synonyme de faiblesse ou d’abattement.
La limite à ne pas franchir : l’excès de dramatisation ou l’exagération (Victimisation).
Voilà le relais que nous a transmis notre ami le Dr. Steve Karpman pour former nos consœurs et nos confrères coachs. Cette approche est inscrite dans le programme KPM® (Karpman Process Model®, qu’est-ce que c’est ?) que nous avons construit ensemble.
Pour retrouver toutes les dates des formations destinées aux professionnels des métiers de l’accompagnement, pour avoir plus d’information et vous inscrire, vous pouvez consulter le site de l’organisme de formation Training is Art.